Détermination du biotype du nématode des agrumes (Tylenchulus semipenetrans) dans cinq régions agrumicoles du Maroc

Auteurs-es

  • Fouad MOKRINI Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), UR-Production intégrée des cultures, CRRA-Agadir-Maroc
  • Adil ESSARIOUI Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), CRRA-Errachidia-Maroc

Résumé

Un essai a été mené sous tunnel plastique à l’INRA de Kénitra (El Menzeh) en vue de caractériser les différents biotypes du nématode des agrumes (Tylenchulus semipenetrans) existants dans les vergers marocains. Les plantes hôtes différentielles utilisées dans ce test sont le citronnier épineux (Poncirus trifoliata), le bigaradier (Citrus aurantium), la vigne (Vitis vinifera) et l’olivier (Olea europaea). Les différentes plantes hôtes ont été inoculées par une suspension de 10.000 d’œufs et juvéniles de deuxième stade de T. semipenetrans des régions du Gharb, Loukkos, Haouz, Moulouya et Souss-Massa. Les différentes populations de T. semipenetrans ont montré une forte capacité à se multiplier sur le bigaradier et aussi sur la vigne, contrairement à l’olivier et le P. trifoliata. Le taux de reproduction (TR) des différentes populations de T. semipenetrans sur le porte-greffe P. trifoliata et l’olivier est inférieur à 1, contrairement au bigaradier et la vigne où ce taux de reproduction est supérieur à 1. Ces résultats indiquent que les cinq populations de T. semipenetrans des régions du Gharb, Loukkos, Haouz, Moulouya et Souss- Massa appartenant au biotype Méditerranéen.

Mots-clés: Nématode des agrumes, régions, Plantes hôtes, Biotype Méditerranéen.

INTRODUCTION

Tylenchulus semipenetrans Cobb, est un nématode semi-endoparasite sédentaire inféodé aux racines des agrumes (O’Bannon et Reynolds, 1967). Le dépérissement lent des agrumes (slow decline) causé par ce genre de nématode a été observé dans plusieurs régions du monde. La lutte contre ce nématode repose sur l’utilisation des porte-greffes résistants, mais l’existence de plus d’un biotype de T. semipenetrans réduit le degré de résistance de ces porte-greffes (Kwaye et al., 2008). Trois biotypes ont été identifiés jusqu’à présent; le ‘Biotype des agrumes‘, le ‘Biotype Poncirus’ (Inserra et al., 1980a; Gottlieb et al., 1986;Verdejo-Lucas, 1992) et le ‘Biotype Méditerranéen’. Ces biotypes diffèrent par leurs capacités d’infester et de se reproduire sur le bigaradier (Citrus aurantium L.), le citronnier épineux (Poncirus Trifoliata), l’olivier (Olea. europaea) et la vigne (Vitis vinifera). Le biotype ‘agrume’ est identifié en Californie et en Italie (Baines et al., 1974; Inserra et al., 1980). Ce biotype peut se reproduire sur les agrumes, la vigne et également sur l’olivier. Le biotype Poncirus a été identifié en Californie, en Floride, à Valence en Espagne, en Afrique du sud, en Israël et au Japon (Baines et al., 1974; Duncan et al., 1994; Murguia et al., 2005; Kwaye et al., 2008). Ce biotype est capable de se multiplier sur le bigaradier, le citronnier épineux et la vigne, mais incapable de se multiplier sur l’olivier. Le biotype Méditerranéen peut seulement se reproduire sur les agrumes et la vigne. Ce biotype a été identifié dans les pays du bassin méditerranéen, en Afrique du Sud et en Inde (Inserra et al., 1980b; Verdejo-Lucas, 1992).

Au Maroc, le nématode du dépérissement lent, T. semipenetrans, a été trouvé en association avec les différents porte-greffes dans la totalité des vergers prospectés (Mokrini, 2010; Mokrini et al., 2018). Cependant, la détermination du biotype de ce nématode n’a jamais été réalisée. L’objectif de ce travail est d’identifier le(s) biotype(s) de T. semipenetrans existant(s) dans les vergers d’agrumes marocains.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Les plantes hôtes différentielles utilisées dans l’essai sont: le citronnier épineux, le bigaradier, la vigne et l’olivier. L’essai a été réalisé dans un tunnel à la station de la Recherche Agronomique d’El Menzeh, région du Gharb. Les différentes plantes hôtes ont été plantées dans des pots en plastique de 3L de volume. Cinq populations de T. semipenetrans ont été prélevées dans les régions du Souss Massa, Loukkos, Gharb, Moulouya et Haouz. L’expérimentation a été conduite selon un dispositif factoriel à deux facteurs; le facteur hôte avec trois niveaux, et le facteur population ayant 5 niveaux. Cinq répétitions ont été utilisées pour chaque combinaison factorielle. Au total nous avions 2 (niveaux facteurs hôte) x 5 (niveaux facteur population) x 5 répétitions = 50 plantes. Les différentes plantes hôtes ont été infestées par une suspension de 10.000 œufs et juvéniles du deuxième stade de T. semipenetrans de chaque région selon la méthode suivante: le sol recouvrant les racines a été enlevé en veillant à ne pas déplacer les racines, puis la suspension de nématodes a été introduite directement au voisinage des racines. Enfin, les racines ont été recouvertes du même sol et les plants ont été arrosées afin de prévenir la dessiccation.

A Sept mois après inoculation, 100 cc de sol et 10 g de racines ont été prélevés de chaque pot pour analyse nématologique. L’extraction des nématodes à partir du sol a été faite selon la technique de Baermann (1917) et selon la technique de la double centrifugation (Macaron, 1972) à partir des racines. Le nombre de nématodes a été rapporté au total du système racinaire de chaque plante hôte. Le taux de reproduction (TR) a été calculé en divisant la population finale des nématodes par la population initiale.

RÉSULTATS ET DISCUSSION

Il n’y avait pas d’effet d’interaction hôte-population sur le taux de reproduction des nématodes. En outre, les populations des différentes régions ont montré des TR similaires, indépendamment de l’hôte, suggérant l’absence d’effet population sur le TR du parasite. Cependant, pour chaque population, les plantes hôtes ont affecté significativement le TR du T. semipenetrans (Tableau 1). Aussi bien au niveau des racines que dans le sol, il y avait un effet très hautement significatif de la plante hôte sur le TR (F value: 27,6; Pr > F: 0,0001) de la population de ‘Souss-Massa’ avec la présence de deux groupes homogènes. Le premier est formé par le bigaradier et la vigne, le deuxième par l’olivier et le Poncirus trifoliata.

De la même manière, pour le cas de la population du ‘Gharb’, l’analyse statistique a classé l’ensemble des plantes hôtes en deux groupes significativement différents (F value : 4,2; Pr > F: 0,03). Le taux de reproduction le plus élevé a été enregistré sur bigaradier (2,11). Concernant la population de ‘Haouz’, l’analyse statistique a montré l’existence d’une différence très hautement significative dans le TR des différentes espèces hôtes (F value: 37,7; Pr > F: 0,0001), avec la présence de trois groupes homogènes. Le premier est formé uniquement par le bigaradier, le deuxième par la vigne et le troisième groupe par l’olivier et le citronnier épineux. Les mêmes résultats ont été obtenus pour les populations de Moulouya et Loukkos, avec des différences significatives observées dans le TR.

Les différentes populations de T. semipenetrans ont montré une forte capacité à se reproduire sur le bigaradier et aussi sur la vigne, contrairement à l’olivier et le citronnier épineux (Tableau 2). Généralement, le TR en relation avec les différentes plantes hôtes donne une idée sur le type du biotype (Kwaye et al., 2008). Notre étude a montré que le TR des différentes populations du T. semipenetrans sur le porte-greffes citronnier épineux et l’olivier est inférieur à 1. Kwaye et al. (2008) ont montré que le TR de la population de champagne en Afrique du sud sur l’olivier et le citronnier épineux est inférieur à 1. Donc, le T. semipenetrans des cinq régions se comporte d’une façon similaire au biotype Méditerranéen défini dans des études précédentes (Inserra et al., 1980; verdejo-Lucas, 1992). Ce biotype a été découvert dans la région méditerranéenne, en Afrique du sud et en Inde (Inserra et al., 1980; Lo guidice et Inserra, 1980; Verdejo-Lucas, 1992; Verdejo-lucas et al., 1997). En Espagne, la capacité de reproduction de quatorze populations du nématode des agrumes (T. semipenetrans), collectées dans la principale zone agrumicole, ont été comparées sur oranger amer et citrange Carrizo. Toutes ces populations ont été identifiées comme appartenant au biotype méditerranéen avec une capacité de reproduction qui varie considérablement en fonction des populations (Verdejo-Lucas et al., 1997). Le pouvoir infestant et le taux de reproduction des populations collectées dans la rhizosphère des porte-greffe citrange troyer ou carrizo sont plus élevés (Verdejo-Lucas et al., 1997).

CONCLUSION

Nos résultats montrent que le biotype de T. semipenetrans existant dans les vergers marocains est du biotype Méditerranéen. D’autres études avec des marqueurs moléculaires sont nécessaires pour valider les résultats obtenus. Cependant, un programme de recherche sur les nouveaux porte-greffes résistants au biotype Méditerranéen de Tylenchulus semipenetrans est nécessaire pour le développement d’un porte-greffe performant qui s’adapte aux conditions marocaines.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Gottlieb Y., Cohn E., Spiegel-Roy P. (1986). Biotypes of the Citrus nematode (Tylenchulus semipenetrans Cobb) in Israel. Phytoparasitica, 14: 193-198.

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Macaron J. (1972). Contribution à l’étude du nématode phytophage Tylenchulus semipenetrans. Thèse PhD, Université des Sciences et Techniques du Languedoc, Monpellier, France, 190 pp.

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Publié-e

15-06-2019

Comment citer

MOKRINI, F., & ESSARIOUI, A. (2019). Détermination du biotype du nématode des agrumes (Tylenchulus semipenetrans) dans cinq régions agrumicoles du Maroc. Revue Marocaine Des Sciences Agronomiques Et Vétérinaires, 7(2), 240–242. Consulté à l’adresse https://www.agrimaroc.org/index.php/Actes_IAVH2/article/view/709

Numéro

Rubrique

Production Végétale et Environnement

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