Pratiques de fertilisation du petit mil [Pennisetum glaucum (L.) R. Br.] chez les paysans de différentes catégories socio-économiques dans la zone Sahélienne du Mali

Auteurs-es

  • Diakalia SOGODOGO Institut d’Economie Rurale, Station de Recherche Agronomique de Cinzana, Ségou, Mali

Résumé

Une étude a été conduite en 2010 et 2011 dans les villages de Boussin, Djenné et Timissa dans la zone Sahélienne du Mali caractérisée par la faiblesse des pluies et la pauvreté des terres de culture. Son objectif était de ressortir les pratiques de fertilisation du mil dans les catégories paysannes et analyser les raisons derrière ces pratiques. Les méthodes d’enquête qualitative et quantitative ont été utilisées dans 35% des ménages des villages pour ressortir les groupes socio-économiques paysans. Les résultats ont donné les groupes de ménages nantis, moyennement nantis, démunis et très démunis. A Djenné, le pourcentage de ces groupes était de 25, 16, 59 et 0% respectivement; a Boussin, 5, 4, 88 et 3% de ménages respectivement et a Timissa, 2, 29, 69 et 0% de ménages respectivement. Ces groupes de ménages ont des caractéristiques socioéconomiques plus ou moins différentes qui agissent sur leur production agricole. Dans les ménages nantis, moyennement nantis, démunis et très démunis, les parts de dépenses dans les engrais minéraux et engrais organiques sont inversement proportionnelles, les ménages nantis utilisant plus les engrais minéraux.

Mots clés: mil, groupes socio-économiques, dépenses, engrais

INTRODUCTION

Dans la zone semi-aride tropicale de l’Afrique de l’ouest, le secteur agricole est très capital dans les économies nationales. Il représente 35% du PIB régional et occupe 65% de la population active et est caractérisé par une faible productivité des exploitations agricoles et une intensification limitée aux cultures industrielles (CEDEAO, 2006). La population et la production ont augmenté de 2,4 et 1,95 fois respectivement, indiquant une forte pression de la population sur les terres arables (CILSS, 2012). Au Mali, l’économierepose sur l’agriculture qui utilise 80% de la population et contribue à hauteur de 50% au PIB (Kieft et Al, 1994). Les terres utilisées dans l’agriculture, l’élevage et la foresterie sont sujettes à une dégradation liée à une exploitation irrationnelle, aux érosions hydriques et éoliennes (Consortium AGRACO, 2014). Cette dégradation est aussi accentuée par l’exploitation économique des sols que sont : déforestation, défrichement agricole, surpâturage, défrichement pour la construction d’infrastructures et l’urbanisation.

La récolte des cultures et l’exportation des résidus de récoltes entrainent une exportation des éléments nutritifs du sol qui ne sont pas remplacés par des apports suffisants en nutriments. Cela conduit à un appauvrissement des sols exploités par les exploitations agricoles. Samaké et Kodio (2004), avaient lié la baisse de la fertilité des sols à l’abandon de l’agriculture itinérante, l’abandon lu la réduction de la durée des jachères et la pratique de la monoculture céréalière. Les chercheurs Okalebo et al (2007), Gichangi et al (2007) et Tabo et al (2005) avaient observé la baisse de fertilité des sols au niveau des exploitations agricoles en Afrique subsaharienne. Pour remédier à ce problème, les institutions nationales et internationales de recherche ont développé des stratégies de fertilisation à l’échelle des exploitations agricoles (Kiharaet al, 2008; Hayashiet al, 2008). Beaucoup de techniques de fertilisation des terres ont été vulgarisées. Malgré cette vulgarisation le problème de faible fertilité des sols demeure. Les ménages pratiquent les techniques de fertilisation suivant leurs conditions de vie socio-économique. L’accessibilité à la terre, au travail, au capital, à la stratégie de gestion de l’entreprise agricole familiale, aux marchés des produits et à leur transformation, aux activités qui sont hors ménage, varie entre les ménages et à l’intérieur d’un même ménage. Les recherches antérieures ont montré que la différence entre groupes socioéconomiques est fondamentale dans la communauté des petits producteurs. Cependant beaucoup de programmes de développement et de recherche continuent de croire que les paysans sont les mêmes dans une même zone de production (Gradin, 1988).

Dans cette recherche, nous nous sommes intéressés aux ménages produisant du mil dans la même zone agro écologique. Nous avons travaillé sur les questions de recherche suivantes : Est-ce que le statut socioéconomique a une incidence sur la pratique de fertilisation des champs ? Les pratiques de fertilisation des sols diffèrent des riches aux pauvres, quels sont les mécanismes derrière cela ? Comment sont-elles liées à l’accès à la terre, la main d’œuvre, capital, bétail, revenu hors ménage ?

Notre objectif était de ressortir puis analyser les pratiques de fertilisation du mil dans les catégories de paysans pour voir leur adaptabilité au niveau des ménages.

MATÉRIEL ET MÉTHODE

Sélection des sites

Les trois villages enquêtés sont tous situés dans la zone Sahélienne qui couvre une superficie de 320 000 km2 (Ministère du Développement rural, 2002) avec des hauteurs moyennes de pluie variant entre 300 et 600 mm. Le climat est caractérisé par une saison des pluies (juin à septembre) et une saison sèche (octobre à mai). Le sol est sablonneux et il y a par endroit des terres inondables dans des poches de dépression. La strate arborée est dominée par des épineux comme Acacia albina, Acacia nilothica, Acacia sénégal.

Les villages ont été choisis parce qu’ils sont des villages de recherche du projet AGRA (Alliance for a Green Revolution in Africa) Micro dose (2009 AGRA SHP (Soil Health Program) 003) dans lesquels il y a eu des interventions d’autres organismes de développement dans le domaine de la fertilisation des terres de culture (Office Riz de Mopti, Direction Régionale de l’Agriculture, ICRISAT, l’ONG Sigignokonjè, Fondation Syngenta pour une agriculture Durable). Les villages de Boussin, Djenné et Timissa sont tous dans la zone d’intervention de l’ONG EUCORD, une des 4 ONG qui ont exécuté le projet AGRA Micro dose.

Méthode de collecte et d’analyse de données

Les méthodes qualitatives et quantitatives de collecte de données ont été utilisées.

Classification paysanne: La méthode de Barbara (1988) a été utilisée dans la première partie pour catégoriser les ménages parce qu’elle est basée sur l’accès et le contrôle des ressources (terre, main d’œuvre, capital) qui affectent l’adoption de nouvelles technologies au niveau des ménages.

Les paysans cibles pratiquant la culture de mil étaient au nombre de 710 ménages répartis entre 202 à Djenné, 280 à Boussin et 228 à Timissa. A partir de la liste des ménages qui est au niveau des communes rurales, 35% des ménages ont été tirés au hasard dans chaque village. Cela revenait à 71 ménages à Djenné, 98 à Boussin et 80 à Timissa. Cinq personnes ressources ayant une bonne connaissance des ménages devaient trouver dans le contexte local du village, une définition de la prospérité, les catégories de ménages et les critères permettant de classer chaque ménage dans sa catégorie. Puis ces personnes font séparément la catégorisation des ménages.

Enquête ménage: Dans la deuxième partie, un questionnaire structuré a été administré aux 249 ménages retenus. Le questionnaire comprenait : l’identification du site et du paysan, niveau d’éducation du chef de ménage, nombre d’actifs, nombre de bœufs de labour, superficie en mil, modes d’apport d’engrais aux cultures dans le champ, existence de marché, rendement du champ de mil en 2010 et 2011. Les pratiques de fertilisation recensées dans la zone d’enquête ont été codifiées : (1) dose vulgarisée (100 kg de DAP/ha en engrais de fond + 50 kg d’urée/ha à la montaison), (2) 50 kg de complexe céréale (15N-15P-15K), (3) 50 charretées de fumier de ferme (10 000 kg/ha) + dose vulgarisée d’engrais (100 kg/ha complexe céréale + 50 kg d’urée/ha, (4) 30 charretées de fumier de ferme (6 000 kg/ha) + micro dose de complexe céréale (2 g/poquet ou 31 lg/ha), (5) micro dose d’engrais complexe (31 kg/ha ou 2 g/poquet), (6) témoin : apport de 8 charretées de déchets ménagers/ha (1 600 kg/ha). L’échelle d’appréciation du niveau d’éducation était : (1) illettré, (2) alphabétisée, (3) école fondamentale, (4) école coranique. La codification utilisée dans le domaine de la fréquentation de marché était : (1) ne va pas au marché, (2) fréquentation irrégulière du marché, (3) fréquentation régulière du marché.

L’analyse statistique des variables et l’illustration de résultats par des tableaux et figures ont été faites avec les logiciels INSTAT et Excel. L’évaluation économique a porté sur l’analyse des charges variables dans la production de mil au champ.

Analyse économique

Le budget partiel a été utilisé pour évaluer les différents systèmes culturaux. Ce sont les coûts qui varient d’un traitement à un autre qui ont été pris en compte. Il permet d’estimer le coût et l’avantage des changements apportés à une partie de l’exploitation agricole tandis que toutes les autres parties demeurent les mêmes (CIMMYT, 1989). Ici, nous avons utilisé le Revenu Brut (RB), les Charges variables (CV) et le Bénéfice net (BN).

Revenu brut = se réfère aux revenus agricoles bruts de l'exploitation agricole pour l'année précédant le recensement ou pour le dernier exercice comptable (financier) terminé. Ceci inclut les revenus de la vente de tous les produits agricoles, les paiements reçus de programmes et les revenus de travail à forfait. Il est déterminé par la formule:

Equa. 1

Qi=la quantité du produit i et Pi son prix unitaire

Charge variable (CV) = charge d’activité ou charge opérationnelle. Elle représente une charge liée au fonctionnement de l’entreprise. Elle varie selon le volume d’activité: plus l’activité progresse, plus les charges variables sont importantes et inversement. Comme exemple de charges variables on peut citer les fertilisants (engrais chimique, engrais organique, etc.), les pesticides, la main-d’œuvre occasionnelle.

Bénéfice Net (BN) égale à la différence entre le Revenu brut correspondant aux recettes globales de l’exploitation et les charges proportionnelles, qui sont nécessaires à une production déterminée et qui disparaissent du fait de l’emprise (fermages, part de cotisations sociales, carburants, dépenses d’entretien du matériel, etc. ….). Le Bénéfice net ainsi calculé est ramené à l’hectare.

RÉSULTATS ET DISCUSSION

Critères de classification des paysans

Il ressort du tableau I, plusieurs critères concourant à la prospérité des ménages. Ces critères peuvent être regroupés en 7 grands groupes : (1) la possession d’un facteur de production : le capital foncier qui peut être hérité ou acquis, apparaît important dans la catégorisation des chefs de ménages (2) la gestion de ce facteur de production : les chefs de ménage se distinguent les uns des autres par leur manière de gérer leur capital foncier (3) la satisfaction des besoins élémentaires des membres du ménage qui peuvent être d’ordre monétaire, santé, éducation, logement, alimentation (4) la source du revenu monétaire qui sert à couvrir ces besoins : petit commerce, maraichage, artisanat, embouche animale (5) l’utilisation du revenu monétaire du ménage : investissements dans de nouveaux logements, santé, alimentation, scolarisation, cérémonies traditionnelles, achat d’équipements agricoles (6) le statut matrimonial du chef de ménage : le capital de confiance d’un ménage augmente lorsque le ménage compte beaucoup de femmes mariées (7) la capacité managériale du chef de ménage dans la gestion de la fertilité des terres de culture du ménage (négocier les bergers transhumant pour parcage des animaux dans les champs, exercer une influence directe ou indirecte sur les autorités locales dans l’atteinte des objectifs du ménage).

Parmi ces critères, il y a 5 critères communs aux trois villages : la population totale du ménage, la superficie totale cultivée, la satisfaction des besoins alimentaires du ménage par la production agricole, les moyens de transport (bicyclette, charrette) et la capacité à aider d’autres ménages. La pratique d’Activité Génératrice de Revenu, la commercialisation de la production agricole sont ressortis à Djenné un site touristique où les ménages entreprennent des transactions commerciales dans le marché hebdomadaire. Le départ des bras valides en exode rural est organisé au niveau du ménage dans les villages de Boussin et Timissa qui ne pratiquent qu’une agriculture pluviale sur des sols sablonneux. La deuxième vague de jeunes ne part en exode que lorsque la première est de retour. Ces deux villages sont aussi d’importants marchés de petits ruminants (moutons et chèvres). Les ménages se rivalisent dans l’élevage de ces animaux. Il y a à Timissa une tradition de négociation de fumier entre éleveurs transhumant et agriculteurs autochtones. L’éleveur et ses animaux campent dans le champ de l’agriculteur. Les animaux broutent les résidus de récolte et déposent des excréments dans le champ dont le puits est utilisé pour les abreuver. Le village de Djenne pratiquant une riziculture de submersion naturelle offre de bonnes conditions d’élevage de bœufs. Les bœufs sont élevés pour plusieurs raisons : force de travail, production de fumiers, alimentation, thésaurisation de l’argent, rehaussement de statut social.

Tableau I: Critères de catégorisation paysanne des ménages dans la zone de l’étude, 2011.

Répartition des paysans entre classes

Il ressort du travail des personnes ressources locales trois grands groupes de ménages dans les sites de Djenné et Timissa (tableau II). Le groupe des paysans nantis qui compte 25, 5 et 2% des ménages respectivement à Djenné, Boussin et Timissa. Le groupe des paysans moyennement nantis comprenant 16, 4 et 29% des ménages de Djenné, Boussin et Timini. Le groupe des paysans démunis constituant le gros comprend 59, 91 et 69% des ménages de Djenné, Boussin et Timissa respectivement (tableau 2). Il y a spécifiquement à Boussin, le groupe de paysans très démunis (3% des ménages).

Tableau II: Répartition de paysans entre les catégories dans les villages d’enquête en 2011.

Caractérisation des catégories paysannes dans la fertilisation des terres

Sur un total de 41 ha de terre, 22 ha sont utilisés par les paysans nantis qui utilisent 30% de la main d’œuvre (tableau III). Il y a une forte et une faible utilisation de la main d’œuvre salariale chez respectivement les paysans nantis et moyennement nantis, une faible et une forte utilisation du travail d’entraide chez les paysans démunis et très démunis. Les paysans nantis ne connaissent pas de rupture de stock de grain pour l’alimentation du ménage pendant toute l’année contrairement aux paysans des autres classes chez lesquels la durée de la rupture de stock varie entre un et plus de cinq mois. Excepté les paysans très démunis, tous les autres paysans utilisent les engrais minéraux et organiques à des doses différentes. Les paysans nantis ont une grande capacité d’investissement dans l’agriculture. Le niveau de prospérité du ménage est élevé quand on va de la catégorie des paysans très démunis à celle des nantis et le ménage peut investir plus dans les engrais, les nouvelles semences.

Tableau III: Caractérisation des catégories paysannes

Rendement de mil

Boussin

Les paysans moyennement nantis et démunis utilisent le même type d’engrais (6 000 kg de fumier/ha en surface avant les premières pluies et 31 kg de complexe céréale/ha pendant le semis). Les paysans nantis apportent dans leurs champs : 10 000 kg de fumier/ha en surface avant les premières pluies, 100 kg de complexe céréale/ha au semis et 50 kg d’urée/ha à la montaison (tableau 4). Les paysans très démunis apportent au champ avant le semis, 1 800 kg de déchets ménagers/ha collectés à travers le village.

Les champs de paysans nantis et paysans moyennement nantis ont donné des rendements statistiquement équivalents (1200 kg/ha). Les paysans démunis ont significativement produit 24% moins que les premiers et les très démunis 44% moins que les démunis (tableau IV).

Tableau IV: Rendement de mil enregistré dans les différentes classes paysannes à Boussin.

Djenné

Le champ de mil des paysans nantis reçoit en surface avant les premières pluies 10 000 kg de fumier/ha, 100 kg de complexe céréale/ha au semis et 50 kg d’urée/ha lors de la montaison (tableau V). Les paysans des deux autres catégories utilisent la même fumure (6 000 kg de fumier en surface avant semis et 31 kg de complexe céréale au semis).

Les paysans nantis et moyennement nantis ont produit des rendements identiques (1 600 kg/ha). Les paysans démunis ont significativement produit 56% moins que les paysans des deux premières catégories.

Tableau V: Rendement de mil enregistré dans les différentes catégories de paysans à Djenné.

Timissa

Deux techniques de fertilisation sont utilisées par les paysans (tableau 6). Il s’agit de l’apport 10 000 kg de fumier en surface avant les premières pluies et de 31 kg de complexe céréale/ha au semis rencontré chez les paysans nantis et moyennement nantis, l’apport de 31 kg de complexe céréale/ha au semis chez les paysans démunis.

Les paysans nantis et moyennement nantis ont des rendements de mil identiques de 1 500 kg/ha (tableau VI). Avec 1000 kg de grain/ha, les paysans démunis ont significativement moins produit que ceux des deux premières catégories.

Tableau VI: Rendement de mil enregistré dans les différentes catégories de paysans à Timissa.

Evaluation économique

Les paysans nantis, moyennement nantis et démunis investissent moyennement dans l’engrais minéral 25%, 12% et 23% des coûts variables respectivement. Tandis que dans le fumier, les paysans nantis, moyennement nantis, démunis et les très démunis investissent respectivement 45, 55, 79% et 80% des coûts variables (tableau VII). La fertilisation minérale prend plus de part dans les couts variables dans les ménages des paysans nantis. Tandis que quand on va des paysans nantis aux très démunis, c’est la part de la fumure organique dans les couts variables qui est de plus en plus grande.

Tableau VII: Coûts de production variables dans la culture de mil chez les paysans dans la zone de l’étude, 2011.

Les chefs de ménages ont une perception sur la ressemblance ou la différence qui existe entre leurs ménages agricoles respectifs. Des critères variant souvent entre les sites sont ressortis dans la catégorisation des ménages. Pour ce faire, la méthode Barbara a été utilisée dans une étude de gestion de la fertilité des sols dans le nord-est du Zimbabwe (Carter et al, 1993) et en Mongolie dans une étude du fonctionnement des exploitations agro-pastorales (Mans et al, 1992).

Au niveau des catégories de ménages ressorties, les meilleurs rendements de mil sont obtenus dans des champs où sont apportés simultanément l’engrais minéral et le fumier. Les 50, 30 et 8 charretées de fumier sont transportées au champ pendant respectivement 45 et 25 jours avant juin, mois de réception des premières pluies. Eparpiller les tas de fumier dans le champ est un travail qui revient aux enfants et ce sont les paysans moyennement nantis qui apparaissent bien s’acquitter de ce travail avec leur main d’œuvre familiale plus abondante. Des corrélations existent entre certains facteurs. Les paysans nantis utilisent plus la main d’œuvre salariale (Classes paysannes x Nombre d’actifs, R2=0,5286). Les paysans très démunis et démunis ne pratiquant pas de mélange d’engrais ont les plus faibles rendements de mil (Pratiques de fertilisation x Classes paysannes, R2=0,1152). La taille du bétail augmente des paysans démunis aux paysans nantis (Classes paysannes x Bœufs de labour, R2=0,7106). Les paysans nantis sont plus réguliers et vendent plus de produits au marché que les autres paysans. Le revenu engrangé les permet d’augmenter leur capacité d’investissement dans la culture de mil (Classes paysannes x Fréquentation de marché, R2=0,2052). L’utilisation simultanée de complexe céréale et du fumier est courante dans les ménages dirigés par des néo alphabètes, anciens élèves (Pratiques de fertilisation x Niveau d’éducation, R2=0,0246).

Nos résultats montrent que toutes les recommandations d’engrais offrent de réelles possibilités d’amélioration de rendement du petit mil chez les paysans qui sont de différentes catégories. Derrière ces rendements il y a tout un ensemble de facteurs sur lesquels doivent agir les paysans. La capacité des paysans à agir sur ces facteurs n’est pas la même chez tous les paysans (Woomer 2007). Elle est fortement influencée par les conditions agro écologiques, socioéconomiques, les ressources, la connaissance et l’énergie disponible dans les exploitations agricoles (IIED, 1995 ; Hiilhorst et al, 1997).

CONCLUSION

La catégorisation a ressorti quatre groupes socio-économiques de paysans suivant une douzaine de critères: les nantis, moyennement nantis, démunis et très démunis.

Chaque groupe de paysans a été caractérisé et cela a permis de comprendre selon leur dotation en ressources, le choix et la pratique de techniques de fertilisation en vigueur chez les paysans dans chaque catégorie. Les paysans ont l’habitude de combiner dans le champ de mil les fumures minérale et organique. Le rendement du mil diminue des paysans nantis aux paysans très démunis. La prise en compte de cette information dans les programmes de vulgarisation agricole permettra une gestion durable de la fertilité des terres de culture de mil dans cette zone agropédoclimatique.

RÉFÉRENCES

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Publié-e

01-03-2022

Comment citer

SOGODOGO, D. (2022). Pratiques de fertilisation du petit mil [Pennisetum glaucum (L.) R. Br.] chez les paysans de différentes catégories socio-économiques dans la zone Sahélienne du Mali. Revue Marocaine Des Sciences Agronomiques Et Vétérinaires, 10(1), 41–46. Consulté à l’adresse https://www.agrimaroc.org/index.php/Actes_IAVH2/article/view/1083

Numéro

Rubrique

Production Végétale et Environnement