Résumé

Selon l’OMS, plus de 80% de la population africaine recourt à la médecine traditionnelle pour résoudre le problème de santé primaire. Dans la présente étude, une enquête ethnobotanique a été menée selon un plan d’échantillonnage stratifié probabiliste dans cinq marchés du district de Mont-Amba. Les données ethnobotaniques recueillies ont ensuite été complétées par des informations concernant les types écologiques. 47 espèces appartenant 44 genres et 29 familles ont été inventoriées dans la flore médicinale du District de Mont-Amba à Kinshasa. Ces plantes traitent 41 maladies, cependant seuls les traitements du poison (hépatite toxicologique), de la faiblesse sexuelle, du paludisme et de la carie dentaire ont un facteur de consensus informateur ? 50 %. En recourant à la valeur d’accord d’utilisation, seules huit plantes se dégagent du lot, notamment Aframomum melegueta, Garcinia kola, Gladiolus gregarius, Gongronema latifolium, Heinsia crinita, Morinda morindoides, Quassia africana et Sarcocephalus latifolius. Il est donc souhaitable que des études soient réalisées sur ces huit plantes en vue de recueillir les données scientifiques pouvant orienter les recherches pharmaco-biologiques et phytochimiques futures et susceptibles de conduire à la domestication des matières premières pour la fabrication de médicaments traditionnels améliorés. Aussi, la création d’un jardin botanique de plantes médicinales pourra contribuer à la sauvegarde des espèces bioactives, à la diffusion et à l’échange des connaissances et des expériences médico-pharmaceutiques et socio-culturelles.


Mots-cléfs: Enquête ethnobotanique, Plantes médicinales, Gestion durable, Conservation, République démocratique du Congo

INTRODUCTION

La République démocratique du Congo (RDC) est un ‘hotspot’ de la biodiversité (Asimonyio et al., 2015a,b; Kambale et al., 2016 a,b,c; Omatoko et al., 2015). Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, plus de 80 % de la population en Afrique, d’une manière générale et en RDC en particulier, recourent à la médecine traditionnelle pour résoudre le problème de santé primaire (WHO, 2002). Le recours aux plantes médicinales pour divers problèmes de santé est non seulement un choix, mais serait aussi lié à la pauvreté et aux coûts élevés des médicaments modernes (Ngbolua et al., 2011a,b).

Il est bien établi que la connaissance des usages des plantes médicinales et de leurs propriétés pharmacologiques est généralement acquise à la suite d’une longue expérience et transmise d’une génération à l’autre (Klotoé et al., 2013). Cependant, la transmission de cette connaissance est actuellement menacée car elle n’est toujours pas assurée (Anyinam, 1995). La perte d’informations est particulièrement plus accentuée chez les jeunes surtout ceux vivant en milieu urbain qui ont tendance à ne plus trop croire en cette médecine traditionnelle. A cet effet, beaucoup de connaissances se perdent en Afrique faute de transmission, ce qui ne favorise pas la conservation des ressources par les populations locales (Akabassi et al., 2017). Ainsi, pendant cette période où l’humanité toute entière recourt aux produits naturels en vue de garantir de façon durable son existence, la RDC qui dispose d’une flore vaste, riche et variée, doit procéder à son exploitation rationnelle afin de résoudre en partie ses problèmes sanitaires grâce à la prospection thérapeutique de son savoir-faire ethnomédical (Konda et al., 2012).

C’est pourquoi, il est urgent de recenser les savoirs thérapeutiques traditionnels à travers des enquêtes de terrain, d’évaluer l’activité thérapeutique de ces remèdes traditionnels avec les outils modernes de biologie, chimie et pharmacologie (évaluations en laboratoire: tests biologiques et toxicologiques) afin de retourner les résultats de la recherche vers l’informateur (population) au moyen des publications d’une part, et d’autre part créer des usines en vue de produire et commercialiser les médicaments issus des connaissances traditionnelles dans l’optique de lutter contre le chômage (Recherche pour Développement durable) (Ngbolua, 2014a). De cette façon, les chercheurs pourront ainsi aider les détenteurs du savoir traditionnel à améliorer leurs conditions de vie conformément au principe de partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources biologiques tel que repris dans la Convention sur la diversité biologique (Ngbolua et al., 2016a).

En outre, les résultats de telles enquêtes sont susceptibles d’aider à identifier les plantes médicinales à haut potentiel biopharmaceutique en vue de leur culture/domestication/conservation afin de prévenir leur extinction dans le milieu naturel (approvisionnement durable en matières premières végétales et création de puits carbone pour lutter en même contre le réchauffement climatique) et élaboration des guides pour la vulgarisation. En effet, il est bien connu en ethnopharmacologie que la fréquence par laquelle une plante médicinale donnée est mentionnée dans le traitement d’une affection peut être un bon indicateur de son efficacité (Ngbolua, 2012).

La présente étude, réalisée dans le District du Mont-Amba à Kinshasa avait pour but de recenser les plantes médicinales vendus à Kinshasa, leur usage thérapeutique et leur caractéristique écologique (types morphologiques, biologiques et distributions phytogéographiques) dans le but de convertir ce savoir ethno-médical en une connaissance scientifique afin de le valoriser, de le conserver et de l’utiliser durablement après les études expérimentales para-cliniques et cliniques préalables (Médecine Traditionnelle basée sur les évidences scientifiques).

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Description du milieu

La ville province de Kinshasa est située entre 4° 18’ et 4° 25’ de latitude Sud et entre 15° 18’ et 4° 22’ de longitude Est. Elle est limitée au Nord et à l’Est par la province du Kwilu, au Sud par la province du Congo Central et à l’Ouest par la République du Congo, avec une altitude moyenne de 300 m au-dessus de la mer. La ville est bâtie sur la rive gauche du fleuve Congo appelé pool Malabo et elle est traversée par des nombreuses rivières dont les trois plus importantes (N’djili, N’sele et Mai-Ndombe) sont dites allogènes. Le climat de la ville de Kinshasa est de type Aw4 c’est-à-dire un climat tropical. Il est caractérisé par la présence d’une grande saison de pluie d’une durée de 8 mois (souvent entrecoupée d’une petite période sèche à cheval sur janvier et février), soit de mi-septembre à mi-mai, et d’une saison sèche pendant le reste de l’année (Ngbolua et al., 2016b).

La végétation de Kinshasa se compose des forêts primitives dégradées, des savanes et des formations aquatiques et semi-aquatiques des vallées et pool Malebo. Elle appartient à la région guinéo-congolaise, au domaine du bassin congolais et au secteur de transition congolais-zambézien.

La figure 1 donne la localisation géographique des sites d’enquête.

Méthodes d’étude

L’enquête a été réalisée auprès des vendeurs des plantes médicinales et tradi-praticiens (100 enquêtés dont 63 enquêtés sont sexe féminin et 37 autres sont de sexe masculin) dans cinq marchés du district de Mont Amba (Lemba, Mbanzalemba, Matete, Rond-point Ngaba et Kapela) à l’aide d’un questionnaire et sur base de consentement libre des enquêtés. L’enquête a été réalisée pendant la période allant de mars à juin 2015 (pré-enquête: du 21 mars 2015 au 07 avril 2015 et enquête définitive: du 14 avril 2015 au 20 juin 2015).

L’étude a été réalisée selon les principes repris dans la déclaration d’Helsinki (Ngbolua et al., 2013a ; Ngbolua et al., 2014b). La méthode d’échantillonnage stratifié probabiliste a été utilisée. Elle consiste à diviser la zone d’étude en différentes strates, représentées ici par les marchés et à y associer le même nombre d’enquêtés. Pour cette étude, 20 tradi-praticiens/vendeurs de plantes médicinales ont été interrogés par marché. Après dépouillement des fiches d’enquête, les paramètres tels que la Valeur d’utilisation (VUs), l’Indice de confirmation (ICs), la Valeur d’accord d’utilisation (VAUs) et le facteur de consensus informateur (ICF) ont été calculés (Alsarhan et al., 2012; Ilumbe et al., 2014; Ngbolua et al., 2016b). Les logiciels SPSS et Origin version 8.5 Pro ont été utilisés pour analyser les données. Les données ethnobotaniques recueillies ont ensuite été complétées par des informations concernant les types écologiques comme suit:

• Type morphologique: Arbre, Arbuste, Herbe annuelle, Herbe vivace, Liane, sous-arbuste;

• Type biologique: Mégaphanérophyte, mésophanérophyte, microphanérophyte, nanophanérophyte, phanérophyte lianeux , phanérophyte grimpant, thérophyte dressé, géophyte rhizomateux, géophyte tubéreux, chaméphyte prostré, chaméphyte cespiteux;

• Distribution phytogéographique: Espèces Afro-tropicale, guinéenne), centro-guinéenne, paléo-tropicale, pantropicale, guinéo-congolaise et guinéo-centro-zambézienne.

L’identification des plantes a été réalisée par comparaison à l’aide des exsicata d’herbiers à l’Herbarium du Laboratoire de Botanique Systématique et d’Écologie Végétale du Département de Biologie de l’Université de Kinshasa.

RÉSULTATS ET DISCUSSION

Données ethnobotaniques

Le tableau 1 donne la liste des plantes répertoriées. Il ressort du tableau 1 que 47 espèces appartenant à 44 genres et à 29 familles ont été inventoriées dans la flore médicinale du District de Mont-Amba à Kinshasa.

En termes du nombre des plantes médicinales utilisées à Kinshasa, les familles de Leguminosae et Rubiaceae sont les plus riches. Les Rubiaceae constituent en outre l’une de six familles botaniques les plus représentées chez les angiospermes (Karou et al., 2011).

Le tableau 2 donne le nombre de citations et les valeurs de facteur de consensus informateur des maladies traitées.Il ressort de ce tableau que 41 maladies sont citées mais le consensus élevé ne se dégage que dans le traitement de quatre maladies notamment le poison (hépatite toxicologique: 100 %), la faiblesse sexuelle (71 %), le paludisme (55 %) et la carie dentaire (50 %). Cependant, le consensus le plus faible est obtenu avec le traitement du diabète, de l’hémorroïde et de l’anémie. Cependant, aucun consensus ne se dégage dans le traitement de 34 autres maladies citées.

Le tableau 3 donne la liste des plantes et leurs valeurs d’accord d’utilisation. Sur les 47 taxons répertoriés, huit sont classés en première position par rapport à la valeur d’accord d’utilisation. Il s’agit notamment des plantes suivantes: Aframomum melegueta, Garcinia kola, Gladiolus gregarius, Gongronema latifolium, Heinsia crinita, Morinda morindoides, Quassia africana et Sarcocephalus latifolius.

La figure 3 donne la réparation des informateurs selon l’âge.

Figure 3: Répartition des informateurs selon l’âge

La figure 3 montre que l’utilisation des plantes médicinales est une pratique courante dans les tranches d’âges allant de 18 à 65 ans avec une prédominance chez les personnes âgées de 26-33 ans (23 %) suivi respectivement des personnes âgées de 42-49 % (18 %), 34-41 ans et 58-65 ans (16 %), 18-25 ans (14%) et 50-57 ans (14 %).

La figure 4 donne la répartition des informateurs selon le niveau d’études.

Tableau 2: Facteurs de consensus informateur des maladies soignées

Maladies traitées NTV NC ICF

01 Abcès 1 1 0

02 Affection prostate 1 1 0

03 Agrandissement de pénis 1 1 0

04 Anémie 4 5 0,25

05 Angine 1 1 0

06 Amibiase 2 2 0

07 Antipoison (détoxication) 1 2 1

08 Asthénie 1 1 0

09 Asthénie nouveau-né 1 1 0

10 Asthme 1 1 0

11 Céphalée 1 1 0

12 Carie dentaire 2 3 0,5

13 Constipation 1 1 0

14 Douleur dentaire 1 1 0

15 Diabète sucré 6 10 0,44

16 Diarrhée 2 2 0

17 Éjaculation précoce 1 1 0

18 Épilepsie 5 5 0

19 Éruption cutanée 1 1 0

20 Erythème 1 1 0

21 Esprit mauvais 5 5 0

22 Faiblesse sexuelle 3 8 0,71

23 Fièvre jaune 1 1 0

24 Fièvre typhoïde 1 1 0

25 Gastrite 4 4 0

26 Hémorroïde 19 25 0,25

27 Hernie 4 4 0

28 Hypogastralgie (Bas ventre) 2 2 0

29 Hypertension artérielle (HTA) 1 1 0

30 Hoquet 1 1 0

31 Infection 2 2 0

32 Infection urinaire 3 3 0

33 Infection vaginale 1 1 0

34 Lombalgie 9 9 0

35 Malaria 5 10 0,55

36 Maladies spléniques (rate) 1 1 0

37 Ménorragie (règle prolongés) 1 1 0

38 Plaie chronique 2 2 0

39 Sinusite 1 1 0

40 Rhumatisme 1 1 0

41 Toux 1 1 0

Légende: NTV: Nombre de taxons végétaux; NC: Nombre de citation; IFC: Facteur de consensus informateur) IFC: 1 = 100% Consensus; 0.5-0.9 = Consensus élevé; 0.1-0.4: Consensus faible; 0: Absence de consensus (Désaccord) (Ngbolua et al., 2016b).

Il ressort de la figure 4 que la majorité (53 %) des usagers des plantes médicinales ont un niveau d’études supérieures, 36 % des personnes ont un niveau d’études secondaires tandis que 11% sont analphabètes. Cependant, selon la situation familiale on peut noter que 56% des personnes enquêtées sont des mariées et 44% sont des célibataires.

La figure 5 renseigne sur le choix thérapeutique. Il ressort que 27 % des enquêtées recourent exclusivement à la médecine traditionnelle pour se soigner contre 23 % des personnes qui s’adressent à la médecine moderne. Cependant, 50% des personnes enquêtées s’adressent indistinctement aux deux formes de médecine pour se soigner.

Figure 4: Répartition des informateurs selon le niveau d’études

Figure 5: Choix thérapeutique

Par rapport à la composition des recettes, l’enquête a révélé que 53 % des recettes sont préparées à base d’association des plantes médicinales tandis que 47 % des recettes sont préparées à base d’une seule plante.

Figure 6: État de la plante

La figure 6 renseigne sur l’état de la plante. 60 % des enquêtés préparent les recettes à base des plantes fraîches alors que 27 % seulement des enquêtés utilisent la plante à l’état sec. Cependant, 13 % des personnes enquêtées préparent les recettes médicinales à base des plantes sèches ou fraîches.

La figure 7 donne la méthode de séchage utilisée par les tradi-praticiens.

Il ressort de la figure 7 que 82 % des enquêtés sèchent leurs plantes à l’air libre, 7 % des enquêtés exposent leur matériel végétal au soleil. Cependant, 11 % des personnes enquêtées sèchent leurs plantes à l’air libre ou exposent leur matériel végétal au soleil. Mais l’exposition du matériel végétal au soleil peut dégrader la qualité des recettes (perte de l’activité biologique) car, la plupart des métabolites secondaires sont sensibles à la lumière (Ngbolua et al., 2013b).

La figure 8 donne les différents modes de préparation des recettes traditionnelles à base des plantes.

Figure 7: Méthode séchage du matériel végétal

Figure 8: Modes de préparation des recettes traditionnelles

La figure 8 montre que la décoction est le mode de préparation le plus utilisé. Ce mode de préparation permettrait de recueillir le plus de principes actifs et atténuerait ou annulerait la toxicité de certaines recettes (Salhi et al., 2010).

La figure 9 donne les parties utilisées des plantes en vue de la préparation des recettes. Il ressort de cette figure que les organes des plantes les plus utilisés sont les feuilles (30 %), suivis respectivement des écorces (27 %), des racines (24 %), des bulbes (10 %) et des graines (8 %).

L’intérêt porté aux feuilles et aux écorces trouve une explication dans le fait que ces organes végétaux sont le siège par excellence de la biosynthèse et même du stockage des métabolites secondaires responsables des propriétés pharmaco-biologiques de la plante (Nacoulma-Ouedraogo, 1996). Par ailleurs, Bitsindou (1986) atteste que la fréquence d’utilisation élevée des feuilles est due à la facilité de la récolte.

Figure 9: Parties utilisées des plantes pour la préparation des recettes

La figure 10 donne les effets indésirables des plantes médicinales utilisées pour les soins.

Figure 10 : Effets indésirables des plantes utilisés pour les soins

Il ressort de la figure 10 que 58 % des enquêtés pensent que les plantes médicinales sont responsables de vertige, 32% des enquêtés pensent que les plantes médicinales donnent la nausée. 10 % de gens estiment que les plantes médicinales sont responsables de la faiblesse et de l’inappétence.

La figure 11 donne le choix thérapeutique de la médecine traditionnelle. Comme on peut observer sur cette figure, 88% des personnes enquêtés utilisent les plantes médicinales pour raison d’efficacité, 8% des enquêtés recourent aux plantes médicinales à cause de leur libre accès, 4% des enquêtés y recourent parce qu’elles sont peu coûteuses.

Figure 11: Choix thérapeutique de la médecine traditionnelle

Données floristiques

Les figures 12 à 14 donnent les caractéristiques écologiques de la flore médicinale répertoriée.

Il ressort de la figure 12 que la flore médicinale répertoriée est constituée des arbres (28 %) suivie respectivement des arbustes (23 %), des herbes vivaces (21 %), Lianes (17 %), sous-arbustes (9 %) et herbes annuelles (2 %).

Figure 12: Types morphologiques

La figure 13 donne les types biologiques des taxons recensés. Cette figure montre que la flore médicinale du Mont-Amba est constituée des microphanérophytes (28 %), mésophanérophytes (23 %), des phanérophytes lianeux, géophytes rhizomateux et thérophytes dressés (12 % chacun). Les megaphanérophytes représentent 7 %) alors que les phanérophytes grimpants constituent 4 % de la flore médicinale repertoriée. Les autres catégories (chaméphytes prostrés, nanophanérophytes, chaméphytes cespiteux et géophytes tubéreux) ne représentent que 2 %.

La prédominance des phanérophytes dans la flore médicinale du District de Mont-Amba reflète l’état de la végétation des régions tropicales et équatoriales (Ngbolua et al., 2013a; Ngbolua et al., 2014b). En outre, le caractère pérène des espèces, garanti aussi la disponibilité et l’usage des plantes médicinales.

Figure 13: Types biologiques

La figure 14 donne la distribution phytogéographique des plantes répertoriées.

La figure 14 montre que les plantes répertoriées sont largement distribuées dans le monde. Les espèces pantropicales représentent 36 % des espèces répertoriées, suivi respectivement des espèces centro-guinéennes 24 %, guinéo-congolaises 19 %, Afro-tropicales 9 %, guinéennes 6 % et guinéo-centro-zambéziennes 2 %. Ces résultats montrent que ces taxons végétaux sont largement distribués en Afrique. Ainsi donc, leur protection devrait être un effort concerté tant au niveau national, sous régional que régional sur base d’une certaine volonté politique (Ngbolua et al., 2016a; Ngbolua et al., 2016b).

Figure 14: Distribution phytogéographique des plantes répertoriées

En comparant cette étude aux travaux antérieurs, nous remarquons que dix plantes sur les 47 répertoriées ont été scientifiquement validées comme douées des propriétés anti-drépanocytaires in vitro en RDC. Il s’agit notamment des plantes suivantes : Aframomum alboviolaceum (Rild), Aframomum melegueta (Roscoe) K. Schum, Alchornea cordifolia (Schum et Thonn) Müll. Arg, Annona senegalensis Pers. Bridelia ferruginea Benth., Cymbopogon citratus (DC.) Stapf, Hymenocardia acida Tul., Mondia whitei (Hook.f.) Skeels, Morinda lucida Benth., Sarcocephalus latifolius (Sm.) E.A. Bruce (Bongo et al., 2017; Mpiana et al., 2007).

CONCLUSION

Le but de la présente étude a été de recenser les taxons végétaux à propriété médicinale vendues dans le District du Mont-Amba à Kinshasa en vue de la validation scientifique ultérieure de ceux ayant un haut potentiel biopharmaceutique et leur domestication/conservation.

Il ressort de cette étude que:

• 47 espèces appartenant 44 genres et 29 familles ont inventorié dans la flore médicinale du District de Mont-Amba à Kinshasa;

• Ces plantes traitent 41 maladies, cependant le meilleur consensus ne se dégage entre les enquêtés que pour le traitement du poison (hépatite toxicologique), la faiblesse sexuelle, le paludisme et la carie dentaire;

• En recourant à la valeur d’accord d’utilisation, seules huit plantes se dégagent: Aframomum melegueta, Garcinia kola, Gladiolus gregarius, Gongronema latifolium, Heinsia crinita, Morinda morindoides, Quassia africana et Sarcocephalus latifolius;

• L’utilisation des plantes médicinales est une pratique courante dans les tranches d’âges allant de 18 à 65 ans avec une prédominance chez les personnes âgées de 26-33 ans;

• La décoction est le mode de préparation le plus utilisé tandis que Les feuilles et les écorces sont les organes les plus utilisés;

Les phanérophytes ainsi que les espèces pantropicales sont prédominants dans la flore médicinale répertoriée;

Il est donc souhaitable que des études bibliographiques soient réalisées sur les huit plantes en vue de recueillir les données scientifiques pouvant orienter les recherches pharmaco-biologiques et phytochimiques futures et susceptibles de conduire à la domestication des matières premières pour la fabrication des médicaments traditionnels améliorés. Enfin, la création d’un jardin botanique des plantes médicinales sélectionnées pourra contribuer à la sauvegarde des espèces bioactives, à la diffusion et à l’échange des connaissances et des expériences médico-pharmaceutiques et socio-culturelles.

Dans ces conditions, la présente étude doit être élargie à d’autres provinces de la RDC afin de disposer des informations suffisantes pour un meilleur plan de valorisation et de conservation de ce patrimoine médicinal.

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