Résumé

Le maraîchage demeure l’une des principales sources de revenu monétaire  et d’autosuffisance  alimentaire des populations Nord de la Côte d’Ivoire. L’objectif de cette étude est de déterminer les caractéristiques sociologiques des producteurs, d’évaluer les déterminants de la productivité et de la rentabilité économique et enfin, d’identifier les changements sociaux induits par cette activité. Pour y parvenir, une enquête a été menée auprès de 50 maraîchers choisis sur la base d’un échantillonnage aléatoire dans la commune de Boundiali. La statistique descriptive et analytique, l’approche budgétaire et la méthode d’analyse sociale ont permis d’analyser les données. Des résultats, l’on conclut que le secteur du maraîchage est détenu en majorité par des femmes (68%). Les maraîchers sont en général membres des groupements ou associations de paysans (84 %), illettrés et financent leur activité sur  fonds propres. Cette activité emploie majoritairement la main d’œuvre familiale. Ce qui justifie l’étroitesse des superficies exploitées et de la faiblesse des revenus. Enfin, le revenu issu du maraîchage améliore le taux de satisfaction alimentaire journalier de la famille du maraîcher (67%), le niveau de scolarisation et l’accès aux soins de santé.  L’activité maraîchère est par conséquent une source d’autonomisation et d’amélioration des conditions de vie des maraîchers.


Mots-clés: maraîchage, rentabilité, déterminants, impact, Boundiali

Introduction

L’économie ivoirienne est basée fondamentalement sur l’activité agricole. L’agriculture occupe 65,8 % de sa population active (MINADER, 2017). Elle assure également 30 à 50 % du Produit Intérieur Brut (PIB) et représente la plus grande source de revenus et de moyens d’existence pour 70 à 80 % de la population (Kouakou, 2017).

Le maraîchage qui est l’un des sous-secteurs demeure une source importante de revenus et d’autosuffisance alimentaire des populations rurales et périurbaines (Banque Mondiale, 2008). Les revenus de ces maraîchers sont compris entre 45 000 FCFA et 100 000 FCFA par mois selon Thiombiano (2008). D’ailleurs, selon ce même auteur, le taux de pauvreté des ménages maraîchers est inférieur à celui des autres ménages dans le milieu rural et périurbain. Du point de vue de la sévérité de l’insécurité alimentaire, les ménages maraîchers présentent également un plus faible indice. L’activité maraîchère améliore de ce fait des conditions de vie du paysan (Kanda et al., 2009).

Toutefois, l’analyse de la situation alimentaire aujourd’hui en Côte d’Ivoire aboutit au constat d’un bilan alimentaire déficitaire en fruits et légumes. Le niveau moyen de consommation de fruits et légumes par habitant est actuellement estimé à 50 kg/habitant/an (Kouakou, 2017), ce qui représente la moitié du niveau minimal recommandé par l’OMS (80-100 kg/habitants/an). De plus, selon les résultats des études menées par MINADER (2017), le taux de pauvreté des maraîchers est passé de 38,4 % en 2002 à 48,9 % en 2018. Les maraîchers semblent ne pas vraiment tirer un profit conséquent de cette activité.

Alors, cette contradiction des résultats nous amène à déterminer les paramètres de la productivité, de la rentabilité économique et de l’impact social du maraîchage.

Spécifiquement, il s’agit de déterminer les caractéristiques sociologiques des maraîchers, estimer des déterminants de la productivité et de la rentabilité économique et enfin ressortir les changements sociaux induits par cette activité.

Méthodologie

Collecte des données

Les localités de Tombougou, Samorosso et la ville de Boundiali ont été retenues pour cette étude. 50 maraîchers sur 168 maraîchers recensés dans la commune de Boundiali ont été choisis sur la base d’un échantillonnage aléatoire (Tableau 1). Le nombre de producteurs enquêtés dans chaque localité retenue, a été obtenu selon cette formule:

X= K*n / N

où X= le nombre de producteurs enquêtés dans une localité;

K = le nombre total des producteurs d’une localité;

N = 168 = le nombre total des producteurs des localités d’étude;

n = 50 = la taille de l’échantillon d’étude.

Méthode d’analyse des données

L’approche par la statistique descriptive a été utilisée pour calculer les paramètres de position (moyenne, minimum, maximum et étendue), et de dispersion (variance, écart type). Le calcul de ces paramètres a été fait selon les formules suivantes:

La moyenne arithmétique

Ẋ : moyenne arithmétique de l’échantillon

n : taille de l’échantillon

xi : valeur de l’échantillon i

La variance:

S²: variance

n : taille de l’échantillon

xi : valeur de l’échantillon i

Ẋ : moyenne arithmétique de l’échantillon

L’écart type : S=

Les extrêmes sont les valeurs maximum et minimum de l’échantillon.

L’étendue est la différence entre le maximum et le minimum de l’échantillon

La statistique analytique (ou tests d’hypothèses) a été employée pour analyser le lien de corrélation entre des variables. Ces tests bilatéraux (test à deux variables) ont été effectués avec le test de Fisher. L’hypothèse nulle (H0) que nous avons fixé à chaque test effectué était que les écarts de variances entre les échantillons (X; Y) à tester ne sont pas significatifs. L’hypothèse alternative (H1) est l’opposé de l’hypothèse nulle. On a donc testé H0: contre H1: Le risque consenti à l’avance et que nous notons α de rejeter à tort l’hypothèse nulle H0 alors qu’elle est vraie a été fixée à 5%.

L’hypothèse d’égalité des seuils de variance (H0) est vrai si:

Le quantile d’ordre (1- α ⁄2) de la loi de Fisher des paramètres X et Y a été lu sur la table de Fisher puis le quantile d’ordre (α ⁄2) a été déduit car il correspond à l’inverse du quantile d’ordre (1- α ⁄2).

L’approche budgétaire proposée a permis de déterminer les coûts de production, les recettes et les marges du maraîcher. Les différents calculs ont été effectués de la manière suivante:

Coût de production = Coûts variables + coûts fixes

où:

- Coûts variables = coûts des intrants (semences, engrais, pesticides) + Rémunération de la main d’œuvre;

- Coûts fixes = somme des amortissements (A) des outils;

Produit brut (recette brute) = (prix unitaire) x (quantités vendues)

Marge brute = produit brut – Coût de production

L’approche d’analyse sociale a été utilisée pour apprécier la qualité de vie des maraîchers.

Par cette approche, le taux de satisfaction alimentaire journalier, le taux moyen de scolarisation, le type de soins et le moyen de déplacement du maraîcher ont été déterminé.

Résultats

Caractéristiques sociologiques des acteurs du secteur maraîcher

Genre et âge des maraîchers

Selon le tableau 2, les maraîchers sont essentiellement des femmes (68%) dont l’âge est compris entre 26 et 33 ans.

Niveau d’instruction des maraîchers

Il ressort de la figure 1 que les maraîchers sont en général des analphabètes (91 % chez les femmes et 63 % chez les hommes). Néanmoins, on remarque au regard de cette même figure que 6 % des femmes ont le niveau primaire contre 25 % chez des hommes; 3 % de femmes ont niveau secondaire contre 6 % chez les hommes et enfin, seulement 6 % des hommes ont un niveau supérieur.

Situation matrimoniale des maraîchers

Le tableau 3 relève que 62 % des maraîchers sont mariés légalement ou selon coutume. Il existe néanmoins quelques célibataires (24%), des divorcés (6%) et des veuves (10%).

Mode d’organisation des maraîchers et source de financement de leur activité

Les maraîchers sont majoritairement membres de groupement de paysans et financent, dans la majeure partie des cas, leurs activités sur fonds propres (Tableau 4).

Système de culture pratiqué

Le système de «monoculture-association de culture» est le plus pratiqué dans cette localité (41 % à Boundiali, 64 % à Tombougou et 50 % à Samorosso) (Figure 2). Toutefois, le système de monoculture, même s’il est moins pratiqué, occupe 22 % des maraîchers à Boundiali, 9 % à Tombougou et 17 % à Samorosso. L’association de culture occupe quant à elle 37% des maraîchers à Boundiali, 27 % à Tombougou et 33 % à Samorosso.

Typologie de maraîchage

Les maraîchers cultivent les spéculations (l’aubergine, le piment et la laitue) selon trois types de maraîchage (pluvial, irrigué et pluvial-irrigué) au regard du tableau 5. La culture de la laitue se pratique en général pendant les saisons sèches et donc utilise le système par irrigation. L’aubergine et le piment se cultivent pendant les deux saisons.

Mode d’accès au foncier

Les principaux modes d’accès à la terre dans cette commune sont le faire-valoir direct et le faire-valoir indirect (la location et la cession temporaire sans contrepartie réelle). Cependant, selon le tableau 6, le faire-valoir direct est le mode d’accès le plus utilisé (64%).

Mode d’accès à l’eau

La plupart des maraîchers utilise des puits qui tarissement pratiquement en saison sèche. Néanmoins, 6 % et 2 % ont accès respectivement aux eaux de bas-fond ou à un cours d’eau (Figure 3).

Typologie de la main d’œuvre

Le maraîchage utilise majoritairement la main d’œuvre familiale (90 %) (Figure 4). Cependant, certains exploitants utilisent en plus de la main d’œuvre familiale, la main d’œuvre occasionnelle (salariée).

Superficies emblavées

Les tableaux 7 et 8 indiquent que la superficie emblavée moyenne est de 337 m², 346 m², 380 m², respectivement pour les trois précédentes années. Cependant, la plupart des maraîchers exploitent des parcelles dont la superficie oscillent entre 175 et 300 m² (56%).

Approvisionnement en intrants

Les maraîchers s’approvisionnent en intrants sur le marché de la ville de Boundiali, à hauteur de 78 % pour la semence, 65 % pour les pesticides et 72,2 % pour les engrais (Tableau 9). Ils financent ces achats sur fonds propres. Ces produits sont en général de bonne qualité (91,5). Il existe tout de même quelques intrants de mauvaise qualité sur ce marché (8,5 %) car obsolètes et non homologués.

Coût d’intrants pour l’exploitation de 200 m2

Le coût total d’intrants pour l’exploitation d’une superficie de 200 m² s’élève à 18 800 FCFA (Tableau 10). L’achat de la semence représente 31,9 % de cette valeur, l’engrais, 20,2 % et les pesticides, 47,9 %.

Évolution du prix par saison de production

Les prix des produits maraîchers évoluent en fonction des saisons (Tableau 11). Le prix de ces spéculations est en hausse en saison sèche. L’écart entre le prix moyen observé en saison sèche et celui de la saison pluvieuse est respectivement de 16,1 % pour l’aubergine, 28 % pour le piment et de 13,3 % pour la laitue.

Évolution de la production par campagne

La plus faible quantité de production est de 200 Kg et la production maximale est de 600 Kg (Tableau 12). La production moyenne la plus élevée (397 Kg) a été enregistrée en 2017.

Coûts de production de 200 m²

Les tableaux 13, 14 et 15 présentent respectivement la structure des coûts de production de l’aubergine, le piment et la laitue.

Résultat de l’exploitation de 200 m² d’aubergine, du piment et la laitue

Les tableaux 16, 17, 18 présentent le résultat d’exploitation de 200 m² d’aubergine, de piment et de laitue. À la lecture de ces tableaux, on remarque que la recette brute de l’exploitation de 200 m² d’aubergine est 128 000 FCFA. La marge brute du producteur par cycle s’élève à 79 012 FCFA, soit une marge mensuelle de 19 753 FCFA.

Le résultat d’exploitation de 200 m² de piment s’élève à 73 000 FCFA. La marge brute par cycle et la marge mensuelle sont respectivement de 33 762 FCFA et 11 254 FCFA (soit 15, 4 % du coût de production). L’exploitation de 200 m² de laitue nécessite 23 502 FCFA en investissement. La recette brute et la marge brute du producteur sont respectivement de 63 000 FCFA et 39 498 FCFA (soit 1,68 fois le coût de production).

Revenu par campagne et annuel

Le revenu moyen annuel est de 385 420 FCFA. Le minimum et le maximum du revenu annuel sont respectivement de 112 000 FCFA (soit 9 333 FCFA/ mois) et 624 000 FCFA (soit 52 000 FCFA/mois) (Tableau 19).

Déterminants de la productivité du maraîchage et de la rentabilité des acteurs

Corrélation entre la superficie emblavée et la production

La figure 5 présente la corrélation qui existe entre la superficie emblavée et la production estimée. Cette corrélation est forte car le coefficient de détermination (R² = 0,949) est positif et très proche de 1. De plus, la pente de l’équation de la droite de régression est positive. Ce qui signifie que les deux paramètres évoluent dans le même sens.

Résultats du test de Fisher sur l’hypothèse nulle selon laquelle la production n’est pas fonction de la superficie emblavée

Les résultats du test de Fisher sur cette hypothèse présentée dans le tableau 20 confirme effectivement l’existence d’une corrélation positive entre la superficie et production par le rejet de l’hypothèse nulle (T = 0,12 n’appartient pas à l’intervalle [0,34; 2,98]).

Corrélation entre le revenu annuel et la superficie emblavée

Le test de Fisher a été réalisé sur l’hypothèse (H0) nulle selon laquelle il n’existe pas de corrélation entre le revenu annuel et la superficie emblavée (Tableau 21). Ce test de Fisher confirme l’existence d’une corrélation entre le revenu annuel et la superficie par le rejet de l’hypothèse nulle (T n’appartient pas à l’intervalle [0,30; 3,35]). Le revenu annuel et la superficie cultivée évoluent dans le même sens.

Corrélation entre le revenu annuel et la saison de production (sèche ou pluvieuse)

Les résultats du test de Fisher sur l’hypothèse nulle selon laquelle le revenu d’une campagne ne dépend pas de la saison de production consignés dans le tableau 22 confirment que le revenu d’une campagne et la saison de la production sont étroitement dépendantes (T test n’appartient pas à l’intervalle [0, 38; 2, 6]). Alors, la saison de production est l’un des paramètres qui impacte sur la rentabilité économique du maraîchage.

Corrélation entre le revenu et la zone de production

Le tableau 23 montre le résultat du test de Fisher sur cette hypothèse nulle selon laquelle le revenu annuel n’est pas fonction de la localité de production. Les résultats de ce test confirment que le revenu annuel des maraîchers est indépendant de la localité de production (T appartient à l’intervalle [0, 30; 3, 35]). Alors, la localité de production n’influence pas la rentabilité de cette activité.

Impact social du maraîchage

Revenu maraîcher et autosuffisance alimentaire

L’analyse du tableau 24 indique que les ménages de maraîchers dont leur revenu moyen annuel est inférieur ou égal à 368 000 FCFA ont un taux de satisfaction alimentaire journalier de 67 %. Par contre, ceux dont, le revenu moyen annuel est supérieur à 368000 FCFA prennent trois repas par jour (soit un taux de satisfaction alimentaire journalière de 100 %). Le revenu de ces maraîchers permet alors d’assurer convenablement l’alimentation familiale.

Revenu maraîcher et taux de scolarisation

Le taux moyen de scolarisation des enfants des maraîchers est de 70 % (Tableau 25). Ce taux varie en fonction du revenu moyen annuel des producteurs agricoles. Il est de 46 % pour les maraîchers dont leur revenu est inférieur ou égal à 368000 FCFA et de 70 % pour ceux dont le revenu moyen annuel est supérieur à 368000 FCFA.

Revenu maraîcher et type de soins médicaux

Le tableau 26 indique que la majorité des maraîchers de ces localités fréquentent les centres de santé et ont aussi recours à la médecine traditionnelle. Cependant, le taux de fréquentation des centres de santé moderne varie en fonction du revenu.

Revenu maraîcher et financement des activités agricoles

Dans la commune de Boundiali, la part du revenu maraîcher dans le financement des cultures vivrières est faible (Tableau 27). Néanmoins, sa contribution est importante et varie en fonction du niveau de revenu.

Discussion

L’étude révèle que le secteur du maraîchage est détenu en majorité par des femmes (68%). Cette forte présence de la gent féminine s’explique par le fait que les hommes sont orientés vers les cultures pérennes (mangue, anacarde et coton). Aussi, semble-t-il, les femmes sont attirées par les activités génératrices de revenus à cycle court pour assurer les besoins familiaux. Ces résultats coïncident avec ceux de Mfoukou-Ntsakala et al., (2006) qui observent une certaine féminisation du maraîchage, bien que les hommes commencent à s’y intéresser.

Les maraîchers sont en général membres des groupements ou associations de paysans (84 %). Ce regroupement des maraîchers est dû dans un premier temps aux contraintes foncières (les sites d’exploitation sont essentiellement des bas-fonds) et dans un second temps, il a pour objet de faciliter le suivi des paysans par les structures d’encadrement. Ce résultat est conforme à ceux d’Illy et al., (2007). En fait, selon ces auteurs, dans les régions du Nord et des Hauts-Bassins du Burkina Faso, où la pression foncière est très dense, pour avoir accès facilement au foncier et à l’encadrement, les maraîchers sont obligés de s’organiser en association ou en coopérative.

Les producteurs sont en grande partie illettrés. Ce niveau d’analphabétisme pourrait s’expliquer par le fait que les enfants sont dès le bas âge sont orientés vers les travaux champêtres car la main d’œuvre est essentiellement familiale. Ce résultat est similaire à celui de Zinmose (2012). De plus, cela pourrait aussi s’expliquer par le fait que les ménages ruraux instruits se détournent en général de l’activité agricole. Cette assertion est soutenue par les résultats des études réalisées en Côte d’Ivoire par Kouakou (2014).

En outre, on remarque que 90% des maraîchers financent leurs activités sur fonds propres. Ceci relève du caractère hésitant des institutions de microfinance et aussi des multiples risques liés à l’aspect informel des groupements de maraîchers. Ces résultats sont corroborés par ceux de Niyongabo (2008) qui a identifié six raisons du financement sur fonds propres du secteur maraîcher, dont les majeurs sont l’importance des risques de ce secteur et le manque d’organisation au plan professionnel des acteurs.

A la lecture des résultats de l’étude, l’on constate que la main d’œuvre employée est essentiellement familiale dans le maraîchage (90%). En plus, des superficies moyennes exploitées au cours des trois dernières années (2016 à 2018) sont respectivement de 337 m², 346 m² et 380 m². Le fort taux d’utilisation de la main-d’œuvre familiale s’explique par le phénomène de l’orpaillage qui rend indisponible la main d’œuvre occasionnelle et donc justifie l’étroitesse des surfaces emblavées. Ces résultats sont soutenus par ceux de Kouakou (2017), qui confirment que les activités maraîchères sont pratiquées sur des petites parcelles et utilisent essentiellement la main d’œuvre familiale.

La production moyenne des deux dernières années est de 397 kg. Cette valeur est faible. Cela s’explique par l’étroitesse des parcelles emblavées (56 % des maraîchers ont une superficie inférieure à 300 m²) alors que la corrélation entre la superficie et la production est forte et positive selon le test de Fisher (T = 0,12 appartient pas à l’intervalle [0,34; 2,98]).

Ces résultats sont similaires à ceux de Kouakou (2017) qui montrent que les superficies réservées au maraîchage dans les zones rurales et périurbaines, en Côte d’Ivoire, sont très réduites et que la production reste tributaire de la superficie exploitée et la main d’œuvre familiale.

Le revenu annuel moyen des maraîchers est de 385 420 FCFA, soit un revenu mensuel de 32 118 FCFA. Ce revenu est proche du Salaire Minimum Agricole (36 000 FCFA par mois). Ce revenu maraîcher s’améliore étroitement avec l’importance des superficies exploitées. Cela est prouvé par le test de Fisher qui montre qu’il existe une corrélation entre le revenu annuel et la superficie emblavée. Dans une étude réalisée à Ouagadougou au Burkina Faso, Illy et al., (2007) ont montré que les revenus des producteurs maraîchers sont compris entre 45 000 FCFA et 100 000 FCFA par mois. Ce revenu est fonction de la superficie emblavée et à plusieurs autres paramètres endogènes et exogènes au secteur.

Le revenu issu du maraîchage améliore la condition de vie des ménages. Les résultats révèlent que le taux de satisfaction alimentaire journalier de la famille du maraîcher est 67 %. De plus, les enfants sont scolarisés à hauteur de 68,7 % en moyenne. Quant aux soins du ménage, la majorité des maraîchers (64 %) fréquente les centres de santé urbains, même s’ils ont aussi recours à la médecine traditionnelle. En outre, ce revenu est utilisé pour la mise en place d’autres cultures (les cultures vivrières par exemple). En somme, l’activité maraîchère est une source d’autonomisation et d’amélioration des conditions de vie des maraîchers. Elle contribue à la réduction du taux de pauvreté et du chômage. Ces affirmations sont soutenues par Thiombiano (2008). En fait, ce dernier aux regards de ces différents travaux confirment que les revenus issus du maraîchage ont un impact positif sur la vie sociale et économique des paysans, à travers la création de nouvelles activités rémunératrices, l’acquisition des biens d’équipements et manufacturés, la contribution à la sécurité alimentaire, à la santé et à l’éducation.

Conclusion

L’objectif de cette étude est de déterminer les caractéristiques sociologiques des maraîchers, d’identifier les déterminants de la productivité et de la rentabilité économique et enfin, d’évaluer l’impact social du maraîchage dans la commune de Boundiali en Côte d’Ivoire.

Des résultats, on retient que le secteur du maraîchage est détenu en majorité par des femmes (68%). Les maraîchers sont en général membres des groupements ou associations de paysans (84 %). Ils sont en grande partie illettrés et financent essentiellement leurs activités sur fonds propres. De plus, la main d’œuvre employée est principalement familiale (90%). Par ailleurs, des superficies exploitées sont étroites à cause de l’indisponibilité de cette main-d’œuvre. Ceci justifie la faiblesse de la production moyenne. En fait, la corrélation entre la superficie et la production est forte et positive.

Aussi, le revenu annuel moyen des maraîchers est de 385 420 FCFA, soit un revenu mensuel de 32 118 FCFA. Ce revenu est proche du Salaire Minimum Agricole (36 000 FCFA par mois). Il est fonction de l’espace emblavé. Cela est prouvé par le test de Fisher qui confirme qu’il existe une corrélation entre le revenu annuel et la superficie emblavée.

Le revenu issu du maraîchage améliore la condition de vie des ménages car le taux de satisfaction alimentaire journalier de la famille du maraîcher est de 67 %. De plus, les enfants sont scolarisés à hauteur de 68,7 % en moyenne. Quant aux soins du ménage, la majorité des maraîchers (64 %) fréquente les centres de santé urbains, même s’ils ont aussi recours à la médecine traditionnelle. Le revenu maraîcher est utilisé pour la mise en place d’autres cultures (les cultures vivrières par exemple). L’activité maraîchère est donc une source importante d’autonomisation et d’amélioration des conditions de vie en milieu rural et périurbain. Elle contribue à la réduction du taux de pauvreté et du chômage.

Références

Banque Mondiale (2008). Rapport sur le développement dans le monde: Agriculture au service de développement. Rapport abrégé, Washington DC, 36p

Illy L., Belem J., Sangare N., et Kaboré M. (2007). Contribution des cultures de saison sèche à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration de la sécurité alimentaire, Rapport provisoire, Centre d’Analyse des Politiques Économiques et Sociales (CAPES). Ouagadougou. 93p.

Kanda M., Kpérkouma W., Batawila K., Djaneye-Boundjou G., Ahanchede A., Akpagana K., (2009). «Le maraîchage périurbain à Lomé: pratiques culturales, risques sanitaires et dynamiques spatiales». Cahiers Agricultures, 18: 356-63.

Kouakou K. III. (2014). Diagnostic de la performance de la production cotonnière en Côte d’Ivoire. Revue d’économie théorique et appliquée, 4:75-96.

Kouakou K.P.A. (2017). Évaluation de la performance technique de l’agriculture urbaine dans le district d’Abidjan. European Scientific Journal, 288- 301.

Mfoukou-Ntsakala A., Bitémo M., Speybroeck N., Van Huylenbroeck G., Thys E. (2006). Agriculture urbaine et subsistance des ménages dans une zone de post-conflit en Afrique centrale. Biotechnol. Agron. Soc. Environ, 10: 237-249.

MINADER (2017). Rapport annuel des activités dans la région de la Bagoué, 53p.

Niyongabo E. (2008). Défis du financement agricole et rural, rôle pour la micro finance et implications pour les politiques publiques en Afrique subsaharienne. Pistes de recherche basées sur le cas du Burundi. CEB Working Paper N° 08/024, 30p.

Thiombiano B. (2008). Analyse de la contribution des cultures de saison sèche à la lutte contre la pauvreté au Burkina. Mémoire d’ingénieur, Institut du développement rural, Université polytechnique de Bobo-Dioulasso, Burkina Faso, 75p.

Zinmonse T. R. (2012). Analyse de la rentabilité de la filière anacarde dans le département des collines; cas de la commune de Savalou. Université de Parakou (Bénin) - Maîtrise en Finance et Comptabilité, 40 p.