Enquête sur l’utilisation des engrais et pesticides chez les agriculteurs de la région de Casablanca-Settat

Auteurs-es

  • Ayoub NAAMANE Département de Biologie, laboratoire d'écologie et d'environnement (LEE), Faculté des sciences Ben M'Sik, Casablanca, Maroc
  • Asmae SADIQ Laboratoire Ingénierie et Matériaux, Faculté des Sciences Ben M’Sik
  • Abderrahmane BELHOUARI Laboratoire d’Ecologie et d’Environnement, Faculté des Sciences Ben M’Sik
  • Nadia IOUNES Laboratoire d’Ecologie et d’Environnement, Faculté des Sciences Ben M’Sik
  • Souad EL AMRANI Laboratoire d’Ecologie et d’Environnement, Faculté des Sciences Ben M’Sik

Résumé

Une utilisation non raisonnée des engrais et des pesticides nuit à l’environnement et en particulier aux sources d’eau ainsi qu’à la santé de l’être humain à travers la nourriture. Dans le cadre de la surveillance des eaux de surface marocaine, on a réalisé une enquête auprès de 100 agriculteurs à El Gara, province de Berrechid (Région Casablanca-Settat). Tous les agriculteurs consultés utilisent les engrais et les pesticides. 75% des interviewés ignorent le mode d’emploi de ces produits. Les pesticides sont utilisés une fois par an par 44% des agriculteurs, 70% les appliquent par l’intermédiaire de pick up ou de tracteur, 3% les manipulent en mettant des habits spéciaux et 27% le font à mains nues. Pour les engrais, les agriculteurs les utilisent une fois par an à des proportions variables en ne se basant que sur leur propre expérience. Ainsi, l’Ammonitrate 33,5%N est utilisé par 98% des agriculteurs à une moyenne de 130,9 Kg/ha, le NPK 10-30-10 utilisé par 95% à une moyenne de 175 Kg/ha, le Sulfate d'ammoniaque 21%N est utilisé par 66% à une moyenne de 121,9 Kg/ha et finalement l’Urée 46%N est utilisée par 46% à une moyenne de 67,9 Kg/ha. Ces pratiques ne sont pas soutenables à long terme car elles vont nuire à l’équilibre des écosystèmes en provoquant des dommages à l’environnement et agir sur la santé humaine d’où l’intérêt des agricultures durables.

Mots clés: Engrais, pesticides, agriculteurs, enquête

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Introduction

De nos jours, la réponse immédiate à la demande croissante de la production alimentaire consiste à utiliser de façon intensive des produits agrochimiques, qui incluent largement des engrais et des pesticides (Carvalho, 2006). De plus, avec le développement des populations résistantes d’organismes nuisibles, chaque année des quantités plus grandes et de nouveaux composés chimiques sont utilisés pour protéger les cultures (Carvalho, 2006). Chaque année, environ 2.7 million de tonnes de principes actifs sont utilisés mondialement dans l’environnement, en particulier dans l’agriculture, afin d’éviter les pertes de récoltes (EPA, 2017). De plus, les pesticides sont conçus pour être biologiquement actifs, ils peuvent également toucher des organismes non ciblés, y compris les êtres humains, constituant ainsi une menace possible pour les écosystèmes naturels et les services qu’ils fournissent tels l’approvisionnement en eau, la production alimentaire et l’écotourisme qui sont essentiels pour le bien-être et la richesse économique de l’être humain (Carriquiriborde et al., 2014; Costanza et al., 1997; Miyamoto et al.,2008). La santé humaine et l'environnement peuvent donc être affecté directement par les résidus des pesticides qui s'accumulent dans l'environnement, en contaminant les sources d'eau potable, les sources de nourriture ou en diminuant la biodiversité (Sabatier et al., 2013; Syberg et al., 2016).

Au Maroc, selon les statistiques de l’office des changes, les importations des produits phytopharmaceutiques n’ont pas cessé d’augmenter depuis 2005 (El Ouilani, 2011) et même pour l’utilisation des engrais industriels, selon l’agence pour le développement agricole elle passera à plus de 1,6 Millions de tonnes en 2020 (PCN, 2016), alors que, la protection et la restauration des écosystèmes aquatiques marocains constituent une priorité formalisée par la loi 10-95 dans l’objectif de maintenir et d’améliorer le milieu aquatique en garantissant un bon état de la qualité de l’eau (Salman et Bradlow, 2006). A cet égard, on a réalisé une enquête auprès des agriculteurs afin d’évaluer le mode d’utilisation des pesticides (herbicides, fongicides et insecticides) et des engrais industriels. Cette étude fournit une vue d’ensemble des pratiques agricoles dans la grande région Casablanca-Settat, afin de mieux comprendre l’influence des pratiques agricoles sur l’environnement en général et les eaux de surface en particulier. L’objectif de cette étude est d’évaluer le mode d’utilisation des pesticides et des engrais industriels par les agriculteurs de la grande région Casablanca-Settat, révéler leurs impacts sur l’environnement, et d’évaluer ainsi les connaissances des agriculteurs des risques éventuels qui en découlent.

Matériels et méthodes

On a réalisé l’enquête à EL GARA, province de Berrechid (Région Casablanca-Settat) (Fig.1) précisément à Souk lakhmiss (Marché qui a lieu chaque Jeudi) situé à 33°17’N et 7°13’W.

Figure 1:

La Région Casablanca-Settat compte 6.861.739 habitants, soit 20,3% de la population nationale. La population rurale est de 1.810.990 soit 26% de la population de la région. La région est caractérisée dans sa globalité par un climat semi-aride à aride avec un gradient pluviométrique décroissant du Nord au Sud (MARCS, 2018). La surface agricole utile, au niveau de la région représente 66,3 % de la superficie totale. La superficie irriguée est de 146.436 ha soit environ 10,8% de la surface agricole utile. Cette région participe avec 15.8% au PIB Agricole National (MARCS, 2018).

Il est à signaler qu’au 1er septembre 2014, la population légale de la commune El Gara était de 20855 habitants vivant au sein de 4833 ménages. Pour l’ensemble de la population âgée de 10 ans et plus, 30% sont analphabètes (RGPH, 2014).

Le choix de cette région d’étude est basé sur sa forte contribution à la production agricole nationale et son potentiel de nourrir ses habitants ainsi que ceux de la région Casa-Settat. L’enquête a été réalisée auprès de 100 agriculteurs entre le 26 janvier 2019 et le 14 février 2019 à l’aide d’un questionnaire papier et en entretien face-à-face, cette taille d’échantillon est proportionnelle à la taille démographique de site d’étude (14 898 ménages selon RGPH, 2014).

Le critère d’inclusion consiste à être un agriculteur propriétaire ou employé, et avoir plus de 18 ans ce qui permet d’avoir des informations fiables.

Cette enquête a été réalisée à l’aide d’un questionnaire constitué de 14 questions, divisées en trois parties:

La première partie: L’emploi des pesticides,

La seconde partie: L’emploi des engrais

La troisième partie: Evaluation des connaissances des risques liés à l’utilisation des engrais et des pesticides ainsi que les connaissances sur l’agriculture biologique.

Cette enquête a pour but de recueillir des informations concernant l’utilisation des engrais et des pesticides. Elle s’intéresse particulièrement à plusieurs aspects dont:

- Le respect des doses des produits agrochimiques ;

- La manipulation des pesticides par les agriculteurs ;

- Les connaissances des agriculteurs sur les produits agrochimiques ;

- La perception des agriculteurs sur l’agriculture biologique.

Une visite des vendeurs locaux a été également réalisée car certains agriculteurs n’arrivaient pas à se souvenir du nom des pesticides utilisés. Cette visite a permis donc de connaitre les pesticides les plus utilisés par les agriculteurs de la région étudiée.

Les résultats collectés ont été traités à l’aide d’un logiciel d’enquête et d’analyse des données : le Sphinx plus2.

Résultats et discussions

Les résultats de la première partie de l’enquête, le mode d’utilisation des pesticides, sont représentés dans la figure 2.

Figure 2:

Dans la zone d’étude, 100% des agriculteurs interrogés annoncent qu’ils utilisent des pesticides à des proportions variables. Les herbicides sont utilisés par 100% des agriculteurs, ce qui leur permet de lutter contre des plantes adventices monocotylédones (utilisés dans la culture maraichère) et dicotylédones (utilisés dans la culture des céréales). Les fongicides eux aussi sont utilisés par presque la quasi-totalité des interviewés (98% des agriculteurs). Les insecticides viennent au second ordre, ils ne sont utilisés que par 23% des agriculteurs vue la tendance de la zone d’étude pour la culture des céréales donc ils n’en ont pas beaucoup besoin. Néanmoins, si ces pesticides permettent d’assurer une production alimentaire élevée, il faut également prendre en considération la dangerosité intrinsèque de ces produits (Bonnefoy, 2012).

Ces produits phytopharmaceutiques sont utilisés au hasard par 44% des agriculteurs, ces derniers avouent qu’ils ne respectent pas les doses prescrites soit sous prétexte qu’elles ne sont pas efficaces ou bien les produits vendus dans le marché local sont périmés donc ils sont obligés de dépasser la dose autorisée pour être sûrs d’avoir de bons résultats, alors que 56% des agriculteurs déclarent qu’ils respectent la dose conseillée par le vendeur (normalement celle prescrite sur l’étiquette). D’ailleurs, le problème d’utilisation des produits de la contrefaçon au Maroc a été déjà mentionné dans l’étude réalisée par El Ouilani en 2011, et cela est dû à un manque de moyens dont disposent les services de la répression des fraudes, ce qui engendre des conséquences néfastes sur l’agriculture, l’économie, la santé des citoyens et l’environnement (El Ouilani, 2011). En contrepartie, l’étude réalisée par (Morillon, 2016) en France, environ 80% des interrogés respectent toujours les doses alors que le reste utilisent des doses inférieures à la dose recommandée. Les personnes qui ont réduit leur consommation c’est soit pour une raison de coût trop élevé, ou en adoptant un ensemble de méthodes alternatives, ou pour le respect de l’environnement, ou bien ils jugent que les produits sont plus efficaces.

Tous les pesticides sont utilisés une fois par an par 100% des agriculteurs, et ils sont déversés par 70% des agriculteurs par l’intermédiaire de pick up ou de tracteur alors que 3% des agriculteurs manipulent les pesticides en mettant des habits spéciaux (les gants et le masque par 3% alors que les lunettes ne sont utilisés que par 1%), tandis que le reste 27 % des agriculteurs manipulent les pesticides à mains nues.

Par ailleurs, Les substances qui sont couramment utilisées dans la région de l’enquête sont reportées dans les tableaux : 1, 2, 3, 4 et 5.

Tableau 1:

Tableau 2:

Tableau 3:

Tableau 4:

Tableau 5:

Les résultats de la deuxième partie de l’enquête, le mode d’utilisation des engrais sont représentés dans la figure 3.

Figure 3:

En ce qui concerne les engrais industriels, ils sont utilisés par 100% des agriculteurs interrogés. Ils ont la conviction que leur utilisation est absolument nécessaire pour avoir un bon rendement. Ces engrais sont utilisés une fois par an à des proportions variables : Ammonitrate 33,5%N est utilisé par 98% à une moyenne de 130,88Kg/ha, NPK 10-30-10 utilisé par 95% des agriculteurs à une moyenne de 175Kg/ha, Sulfate d'ammoniaque 21%N est utilisé par 66% à une moyenne de 121,88Kg/ha et finalement Urée 46%N est utilisé par 46% à une moyenne de 67,87Kg/ha. D’ailleurs, personne ne fait des analyses physico-chimiques du sol ou prend l’avis d’un technicien agricole, ils prétendent qu’ils n’en ont pas besoin et que leur expérience suffit. Ils sont même fiers de leurs expériences. Ils mettent chaque année la même quantité que celle de l’année précédente et la plupart signalent que plus la terre reçoit des engrais plus elle donne un bon rendement. Ces résultats confirment les études antérieures réalisées. La plupart des enquêtes et diagnostics réalisées montrent que dans la majorité des cas, les engrais sont utilisés de façon empirique, qui se révèlent rarement être en adéquation avec les besoins des sols (PCN, 2016), et cela menace les eaux de surface du problème d’eutrophisation ainsi que la nappe phréatique.

Les résultats de la dernière partie de l’enquête, relative à l’évaluation des connaissances des risques liés à l’utilisation des engrais et des pesticides ainsi qu’aux connaissances sur l’agriculture biologique sont représentés dans la figure 4.

Figure 4:

Concernant la connaissance des instructions d’utilisation des produits chimiques, 75% des agriculteurs les ignorent, ça veut dire qu’ils ne connaissent pas les précautions à prendre lors de la manipulation des pesticides et des engrais pour limiter les risques d’intoxication et de contamination des eaux de surface, tels que : Il faut éviter tout contact avec la peau et les yeux, il faut éviter d’inhaler le brouillard de pulvérisation, il faut interdire l’accès à la parcelle traitée à toute personne non impliquée dans les opérations de traitement,aux enfants et au bétail et lors du traitement il faut éviter, tout entrainement du brouillard sur les cultures avoisinantes. Il faut faire le traitement par temps calme, ne pas manger, boire ou fumer dans les endroits où ces produits sont manipulés, entreposés ou mis en œuvre. Ils nécessitent également quelques précautions à prendre afin de minimiser les pertes d’éléments nutritifs dans l’environnement et notamment dans les écosystèmes aquatiques, éviter aussi l’épandage lorsqu’il y a beaucoup de vent. D’ailleurs les effets toxiques aigus des humains à l’exposition aux pesticides peuvent prendre de nombreuses formes (Giroux, 2004). Les symptômes les plus souvent associés à une intoxication aigüe aux pesticides sont les lésions, les irritations, les maux de tête, les nausées, les vomissements, la fatigue, les étourdissements, les troubles neurologiques et la perte d’appétit (Giroux, 2004, Renault-Roger, 2005). En ce qui concerne les effets chroniques, les pesticides causent plusieurs maladies dont le cancer, des effets sur la reproduction, des perturbations au système endocrinien, immunitaire et neurologique (Giroux, 2004). En outre, suite au processus de dérive ou de lessivage, ces pesticides se retrouvent dans les eaux de surface. Les espèces aquatiques peuvent être susceptibles aux effets cumulatifs des mélanges de pesticides qui se retrouvent dans l’eau (Giroux, 2004), les amphibiens en particulier avec leur cycle de vie complexe peuvent être exposés aux pesticides (Mann et al., 2009; Brühl et al., 2011). Cette exposition et accumulation cutanée chez les amphibiens peuvent résulter d’un contact direct avec des pesticides lors d’application, ou d’un contact indirect avec des résidus sur la végétation, les sols ou l’eau de mare (Van Meter et al., 2015). L’exposition terrestre à une variété de pesticides d’usage courant a entrainé une mortalité accrue chez les amphibiens (Dinehart et al., 2009; Brühl et al., 2013; Cusaac et al., 2015).

Le taux élevé d’analphabétisme chez les agriculteurs combiné à un manque de conscience pourrait être la cause du manque de considération de la précaution d’emploi des produits agrochimiques ce qui menace la durabilité de l’agriculture, et surtout dans une région caractérisée dans sa globalité par un climat semi-aride à aride (MARCS, 2018). Effectivement ces pratiques irrationnelles constituent un réel danger pour l’environnement et la santé de l’être humain. Une étude réalisée par Morilon (2016) en France a révélé que plus l’agriculteur a un niveau d’études élevé, plus son niveau de connaissance concernant les produits phytosanitaires est important. Ils ont conscience de la dangerosité de ces produits et prêtent donc une attention particulière aux précautions à prendre lors de l’usage des pesticides. En outre, il se pose le problème de la manipulation des pesticides à mains nues, toutefois, plusieurs études réalisées ailleurs ont révélé que beaucoup d’agriculteurs ne portent pas d’équipements de protection alors qu’ils sont exposés aux pesticides. Certains par négligence, d’autres par refus assumé (Morilon, 2016).

De plus 80% des agriculteurs disent qu’ils ont des connaissances sur les effets secondaires d’un excès d’utilisation des pesticides sur leurs cultures par contre, pour les engrais ils croient tous que plus la terre reçoit des engrais plus elle donne de bons résultats. Finalement, 100% des agriculteurs reconnaissent qu’ils ont de larges connaissances sur l’agriculture biologique qui a été même pratiquée par leurs ancêtres. Cependant, ils disent qu’elle ne donne pas un bon rendement, par exemple avant, un hectare ne pouvait donner que 5 Q de blé, par contre aujourd’hui la même surface pourrait donner jusqu'à 60 Q. De plus, l’agriculture biologique demande beaucoup de main d’œuvre pour enlever les adventices, et ils ajoutent aussi le problème des perturbations de saisons et la pollution qui causent l’apparition des maladies ce qui rend indispensable le recours à l’industrie chimique, car si on se contente de l’agriculture biologique et avec l’absence du soutien de l’état on ne serait pas compétitifs et donc on ne pourra plus subvenir aux besoins des familles. On remarque que l’agriculture biologique n’est pas pratiquée en raison de la perception qu’ils ont d’elle. Ils ont la conviction qu’elle est moins efficace que les méthodes conventionnelles, alors qu’un rapport publié par l’INSEE (l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economique en France) a révélé que les exploitations bio spécialisées en viticulture, en maraichage ou dans la production de lait de vache ont enregistrés en moyenne en 2013 une meilleure rentabilité par unité physique de production et par capitaux engagés que les exploitations conventionnelles (Dedieu et al., 2017).

On doit tirer la sonnette d’alarme sur l’utilisation irrationnelle des pesticides (substances toxiques) et des engrais industriels par les agriculteurs afin de limiter les impacts négatifs éventuels sur les écosystèmes aquatiques. Le ruissellement, les précipitations contaminées, les déversements accidentels et la négligence lors de l’utilisation ou la manutention des pesticides peuvent tous contribuer à la contamination des eaux de surface (Regnault-Roger, 2005), en plus du risque d’eutrophisation lié à l’utilisation irrationnelle des engrais industriels.

Concernant l’utilisation répétée des pesticides à base de la même substance active, on favoriserait le développement de population résistante des organismes nuisibles (SAgE Pesticides, 2011), donc les pesticides deviendraient de moins en moins efficaces ce qui poussera, involontairement, les agriculteurs à mettre une quantité additionnelle. Ceci explique l’aveu du non-respect de la dose recommandée par à peu près la moitié des interviewés, et renforce les études antérieures réalisées en la matière. Même si les pesticides permettent de réduire les pertes de rendement, celle-ci reste élevée même lorsque les pesticides sont utilisés (Calvet et al., 2005). De plus, on dénombre plusieurs types d’impacts environnementaux, soit des effets toxiques létaux et non létaux sur les organismes, le développement de la résistance chez les organismes ciblés et l’altération des écosystèmes (Regnault-Roger, 2005). Ces pesticides présentent donc des limites et des dangers pour l’environnement, pour les écosystèmes mais également pour les êtres humains (INSERM, 2013).

De plus, des vendeurs peu scrupuleux peuvent vendre des produits de la contrefaçon à des agriculteurs, ce qui accentue le danger de ces produits sur l’environnement. Cet usage insensé des pesticides combinés à une grande utilisation des engrais (agriculture intensive) pourrait conduire à une accumulation de ses substances dans les écosystèmes aquatiques ce qui constitue un réel enjeu à la fois d’ordre environnemental et sanitaire.

A la lumière de ces résultats, une utilisation extravagante des engrais industriels et des pesticides suite à un manque d’information, de formation, de coordination suffisante entre le ministère concerné et les agriculteurs, de réglementations draconiennes et de contrôles concernant l’utilisation adéquate des pesticides (herbicides fongicides et insecticides) et engrais industriels, sont des facteurs qui pourraient contribuer à l’accumulation des produits agrochimiques dans les écosystèmes aquatiques. Ceci constitue une menace sérieuse pour la biodiversité de la région ainsi qu’à la santé de l’être humain.

Conclusion

Les engrais industriels et les pesticides peuvent avoir des effets néfastes sur l’environnement et la santé humaine s’ils sont manipulés incorrectement. La recherche bibliographique combinée aux résultats de l’enquête, nous ont permis de conclure qu’il est urgent d’agir pour une agriculture durable dans la zone d’étude afin d’exploiter les ressources naturelles sans mettre en danger les écosystèmes aquatiques ainsi que la santé de l’être humain.

A cet égard, dans le but de la préservation de l’environnement, l’agriculture et la santé de l’être humain il faut contrôler l’utilisation des engrais industriels et empêcher autant que possible l’application des pesticides. Pour y aboutir, on a formulé les recommandations suivantes :

- Il est essentiel d’accentuer la sensibilisation des agriculteurs à la fertilisation adéquate et l’utilisation rationnelle des pesticides par des ateliers, des sites de démonstration, porte à porte et distribution des documentations afin qu’ils adoptent de nouvelles perceptions de l’agriculture.

- Il faut également la mise en place des règlements draconiens régissant l’utilisation des engrais et des pesticides.

- Il faut durcir la réglementation en matière de vente des pesticides et des engrais industriels (limiter leur vente libre). De plus, une surveillance continue par les autorités est recommandée pour surveiller la présence de résidus de pesticides et intervenir au moment opportun si nécessaire.

- Il faut également restreindre l’utilisation des pesticides en promouvant l’utilisation des méthodes alternatives telles que le recyclage des déchets verts et organiques et la lutte contre les nuisibles par des agents biologiques.

- Favoriser le développement de la recherche en relation avec une agriculture durable.

Références

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Publié-e

16-06-2020

Numéro

Rubrique

Production Végétale et Environnement